HERO FERGUSON - good grief

Le ventre vide, mais le cœur rempli, les Faraday ont toujours été des personnes aimantes malgré leur pauvreté bien connue. Au départ, ils vivaient tous dans une bourgade semblable à celle-ci, ensembles, heureux malgré tout. Les vêtements de basse qualité, la bouche remplie de vilains mots et les poings bleutés, c’est ainsi que Hero a grandi. S’étant auto-proclamé grand protecteur de ses dames, il est resté levé là où son père a été abattu. Un père qu’Hero a toujours idolâtré, homme fort et respectueux, un homme qui a su prendre soin de sa famille jusqu’à ce que la mort vienne taper à sa porte, dans les quartiers malfamés. Querelles de quartiers qui ont mal tournés et voilà que la malédiction de Faraday s’abat. Hero, désormais seul homme de la famille, jure protection à sa mère et à sa jeune sœur. De ses petits bras, il promet qu’aucun être n’osera leur faire de mal en sa présence. Il promet qu’à partir de maintenant, il se tiendra haut et fier comme son père s’est tenu pendant toutes ses années. Il n’a pas le temps pour les larmes qu’il est déjà prêt à défendre ces bouts de femmes et à faire couler le sang si nécessaire. Seulement, on ne peut pas attendre grand-chose d’un gamin de seize ans. On ne peut pas croire ses paroles lancées sérieusement car un gamin de seize ans ne peut pas protéger deux bouts de femmes de carrures imposantes comme les leurs. Et Hero a beau avoir essayé. Il a beau s’être lancé sur ces carcasses comme si sa vie en dépendait : il n’a rien pu faire. Il a beau avoir crié à s’en être arraché les cordes vocales, il a beau avoir pleuré toutes les larmes de son corps jusqu’à ce que rage s’en suive, il n’a rien pu faire pour aider sa mère. Il a dû observer ces hommes s’abattre sur sa mère, se disputer le droit de violer son intimité et se disputer la sœur aussi. Il a dû observer sa mère, abattue, la tête écrasée sur un canapé bon marché. Il a vu sa sœur se faire frapper et a dû supporter une bonne dose de coup, si bonne que son regard n’était plus qu’image floutée. On apprend plus tard que tout ceci n’est que le résultat des œuvres de son père, des dettes ignorées pour venir détruire une famille déjà attristée de la perte d’un des siens. On découvre que leurs cauchemars ne seront plus que rythmée par la lâcheté d’un père enfui, mort, et qu’ils n’ont fait que payer le dur prix d’une trahison. Alors, père, si fort et si fier, a donné à la mort un goût plus tendre que ce qu’ils ont vécus.

Très vite, il a fait la connaissance de son amie la drogue. Au départ, tout n’a tourné qu’autour d’un joint roulé par ses potes. Par des cigarettes bon marché fumée au bord d’une route. Au départ, tout n’était qu’un jeu, un moyen de se libérer, une façon de s’amuser et de se détendre avec ses amis. Sauf que bien vite, il a fait la connaissance de sa grande ennemie l’addiction. Bientôt devenu zombie, on l’associe directement à un visage pâle et aux membres tremblants. Alors que sa mère avait déjà vécu le pire, Hero pense l’avoir détruite le jour où il a fait sa première crise devant elle. Le jour où il a bien pensé crever devant ses yeux. Hero ne peut plus vivre sans sa dose, Hero n’est rien sans drogue et on s’en rend vite compte. Il meurt petit à petit lorsqu’il n’en a pas et ne sourit que lorsqu’il sait s’en procurer. Il ne vit qu’au rythme de ses shots, des aiguilles enfoncées dans sa peau et des substances brûlées sous le dos d’une cuillère. La toxine a atteint son cœur, celui-ci emprisonné par son envie de drogue. Il n’est plus que le reflet de ce qu’il était, devenu un homme impuissant en manque constant de drogue. Corps affaibli pour une âme en recherche de liberté, liberté achetée au prix dangereux de la dépendance.

C’est que le gamin n’a plus vraiment de maison. Il a quitté sa famille en pensant que c’était le mieux à faire pour tout le monde, s’est enfuit comme un voleur avec sa dernière dose d’héroïnes, ces quelques clopes, quelques billets et sa voiture adorée. Il s’est cassé de la périphérie de Dublin pour s’engouffrer dans la ville, pour trouver le cœur de celle-ci et laissé sa famille en paix. Bientôt, le jeune s’est fait connaître dans les quartiers malfamés. Le petit nouveau, le fantôme de son vieux père. Il est resté là, à crécher chez quelques personnes avant de partir. Parce qu’il n’est pas de ceux qui restent, il est deux ce qui partent, qui fuient. Seulement, lorsqu’il a fini par abandonner tout ce beau monde, Hero a du faire un choix : gaspiller son argent dans un loyer ou le gaspiller dans ses doses et le choix a été vite fait. Bientôt, on le voyait dormir dans sa voiture, celle-ci dans un état pitoyable, mais dans un état toujours respectable pour le brun. Ce n’est qu’à l’arrivée de sa blonde que la voiture a eu un réel sens à ses yeux, une signification pour elle et pour lui, l’idée que cet endroit était le leur. Ce n’est que lorsqu’elle est arrivée que sa voiture a été synonyme de bons moments, de moments à s’en déchirer les poumons comme à s’en arracher le cœur. Au final, cette bagnole, il l’aime quand même. Mais il n’arrive qu’à l’aimer parce que Vega y est présente.

Vega elle est douce, si belle que sa beauté pourrait devenir dangereuse. Elle vient combler le manque de lumière dans la vie ombragée du jeune homme. Il n’avait rien misé dans cette relation, n’avait rien prédit si ce n’est que le terrible échec de toutes ses relations. Mais malgré tout, malgré les nuits froides et le manque d’espace, malgré les tentatives de survivre ensembles et les quelques disputes, elle est restée. Et c’est peut-être parce qu’elle est la seule qui est restée quand elle avait toutes les raisons de partir qu’elle a une réelle place dans le cœur du jeune homme. Parce que même si l’admettre est un vrai effort, il n’a pas peur de lui montrer qu’elle est importante. Bizarrement, pour une fois, il croit que la vie lui veut du bien. Il pense que Vega, avec sa chevelure blonde et sa manie de vouloir tout voler, est un cadeau des cieux. Vega, elle est peut-être déchue aux yeux du monde, mais aux siens, il ne s’agit là que d’un cadeau béni par les dieux en personne. Alors même s’il lui fait vivre un enfer, dans ses rêves il lui offre le paradis qu’il n’a pas. Parce que faire la paix avec soi-même n’est plus si important que le bonheur et le confort de sa belle, que sans elle, il sombre sans nul doute. Vega est ce qui le tient vivant, et que sans elle, il n’est rien.