LEELOU FRAZIER - Little rebel.

Pluie serrée, violente, le vent froid arrache les feuilles des arbres. Elles gisent, au sol, sous les gouttes interminables, et toi tu regardes tes pieds en tentant de trouver une solution.  C’est juste un peu d’aide qu’il te faut. Rien de plus. Après tout, la famille, c’est fait pour que chaque membre se soutiennent, non ? Enfin, si tu avais de l’argent toi, tu leur viendrais en aide, c’est sûr. Il faut croire que les rôles ont toujours été définis ainsi ; toi dans la misère et eux, dans la tranquillité. Par moment, tu envies leur confort, et, parfois, tu te dis que ça te ferait bien chier de vivre cette vie sans éclat, sans fête, sans joie. C’est sûr, ils n’ont pas besoin de serrer les dents dès que la banquière appelle, ni de se demander où ils vont dormir le soir. T’as pas les mêmes problèmes Lou. Tu te demandes même s’ils en ont, des soucis. A vrai dire que tu ne comprends pas vraiment pourquoi la vie est si dure avec toi. C’est vrai quoi, tu n’es pas une criminelle. Tu profites de la vie, à ta façon. Capuche sur la tête, tu songes, tu attends. T’attend quoi exactement ? Tu lèves la tête vers le ciel ouvert de nuages gris. T’attends là, sous l’abris de bus. Autant, demander un coup de pouce à tes parents est peine perdue ; autant lui, il à surement pitié de toi. Il a toujours fait en sorte de t’aider, du mieux qu’il le peut, même s’il te répète souvent que tu devrais grandir. C’est vrai, toi t’as plongée dans tous les péchés possible et inimaginable : la cigarette, l’alcool, les vols en tout genre et même la revente de drogues dure. Plusieurs fois tu t’es fait pincer, ça ta valu quelques séjours en prison. Ce n’est pas bien grave, tu t’es toujours dit que c’était une mauvaise passe. La prochaine fois, tu ne te feras pas choper. C’est ainsi que tu tires conclusion de tes expériences. Ça ne t’empêchera pas de recommencer. Il faut toujours une personne qui défie les règles dans une fratrie, c’est tombé sur toi, avec ton caractère bien trempé et ta petite gueule d’ange. La mauvaise fille de la famille, c’est toi. La mauvaise herbe. Tu tires deux trois lattes sur ta blonde en fixant les gouttes de pluie s’éparpillées au sol. Léger soupire, t’écrase ta clope avec la semelle de ta chaussure. T’as qu’un simple gilet, dix fois trop grand pour toi, ta capuche tombe sur tes yeux et t’essuie ton visage avec ta manche. Ça caille ce soir, alors t’espères qu’il va être sympa, qu’il va te proposer un chocolat chaud et t’emmitoufler dans un plaid. Tu ne serais pas contre un bon bain chaud. Après tout, il à de l’argent. Tu te décides enfin à prendre ton courage à deux mains. Sac à dos sur l’épaule, tu avances en direction de sa demeure. La pluie frappe ton visage, tes cheveux deviennent humides, tes vêtements s’imbibent d’eau. Tu ne fais pas gaffe où tu marches, si bien que tu mets le pied dans une flaque. L’eau à réussit à atteindre ta chaussette. Tu te demandes bien comment il va t’accueillir. A bras ouvert, parce qu’il sera content de te revoir ? Ou bien vas-il te claquer la porte au nez ? Après tout, il aurait ces raisons, tu n’as pas donné signe de vie depuis maintenant quatre mois. Qu’est ce que ça peut bien faire de toute façon. C’est préférable que tu sois loin d’eux. Ils le savent ; quand tu viens, c’est que tu as quelque chose à demander. C’est que tu ne sais pas où dormir, ou que tu as besoin d’argent. Tout doucement, sans faire de bruit, tu ouvres le petit portillon métallique pour avoir accès à l’entrée. Tu ne veux pas faire trop de boucan, il est tard ce soir et, peut-être qu’il est déjà assoupi. Les orages grondent et te rappelle à quel point tu ne veux pas dormir dehors ce soir. Te voilà devant cette grande porte en bois massif, c’est avec un peu plus d’aplomb que tu frappes, le point fermé, afin qu’il vienne t’ouvrir. Tu passes ta main sur ton visage humide afin d’écarter tes cheveux mouillés. Tu songes. Tu songes à une autre solution, si jamais il ne t’ouvre pas. Ou, pire, si jamais il ne veut pas de toi. Ça se pourrait bien Lou. Sur le côté droit de la maison, tu peux y voir une lumière qui s’allume dans la salle à manger. Surement qu’il vient de se lever. Il a entendu. A toi de jouer maintenant, pour le convaincre de pouvoir rester ici. La porte s’entrouvre, laissant échapper un grincement, et, doucement, sa tête se présente, avec une mine interloquée, comme surpris de savoir qui peut bien toquer à cette heure si tardive. Tu affiches un petit sourire en coin, relevant la tête un peu plus haut pour y montrer tes yeux. C'est lui. C'est ton frangin. Le seul qui est capable de te venir en aide.