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I really don't care - (ft. Leone Castelli)
{} Lun 29 Avr 2019 - 10:16

I really don’t care
@Leone Castelli & Inko Shedir


Quatre ans. Cela faisait quatre ans qu’il répondait au nom de Docteur Shedir. Quatre ans que l’orgueilleux légiste bombait le torse et que son égo ne souffrant d’aucun complexe, enflait toujours un peu plus à chaque fois qu’une occurrence de ce titre, venait flatter ses éminentes oreilles. L’expérimenté coroner aux portes de la retraite œuvrant au sein de la Police Scientifique, et auprès duquel le touche à tout forgea ses premières armes, lui lâcha au fil du temps de plus en plus la bride. Lorsqu’une consœur exerçant à l’Hôpital Général entra en congé maternité, le sage aux tempes grisonnantes poussa l’élève qu’il avait formé à se mettre sur les rangs, afin d’assurer le remplacement et occuper le poste laissé momentanément vacant. Selon lui, il était grand temps de catapulter le chouchou de ces messieurs, et de ces dames aussi, dans le grand bain afin d’admirer comment il se débrouillait sans brassard, et voir s’il était en mesure de faire honneur à son sobriquet de « Mozart de la Médecine ». Les gardes s’enchaînent et les cadavres vont et viennent, entre ses mains dotées d’une dextérité n’ayant rien à envier à celle des chirurgiens travaillant aux étages du dessus. Examens des viscères, sérologies, détections des causes de la mort et rédactions des rapports d’autopsie, rythment sa kyrielle d’heures de gardes.

Ses états de service exemplaires et menés à bien dans une rigueur paramilitaire, lui valent même les félicitations du directeur de l’hôpital, à l’occasion de l’évaluation annuelle de compétences des membres du personnel. Parfois, il arrive que le confrère de l’homme, qui mettait à profit le temps où il n’incisait pas les chairs à la rédaction d’intrigues policières sur toile de fond d’érotisme, et avec qui il partage son bureau vienne solliciter son aide dans des affaires d’homicides complexes et de grande ampleur comprenant plusieurs victimes. Autant dire que l’amoureux des sciences et des lettres n’a pas de quoi chômer. Hormis sa vie sociale et son intégration auprès de ses collègues dans son environnement de travail, qui demeurent toujours aussi laborieuses, tout semble plus ou moins être au beau fixe pour Inko professionnellement parlant. Chose qui ne manque d’ailleurs pas de le tracasser quelque peu. Mis à par les diamants, rien n’est éternel. Tôt ou tard, la roue finirait fatalement par tourner. Comme disait son appa : « Ce que main donne ; l’autre reprend. ». Et ça, le prétentiard à la plastique avantageuse le sait mieux que quiconque. Les contes de fée ne se concluent pas toujours, par un dénouement et un épilogue heureux.

Il est des fois où cela finit mal. Dans certaines histoires, les valeureux princes ne sont rien d’autre que des imposteurs et des lâches, laissant à leurs tristes sorts les âmes en détresse les appelant au secours. Le médecin est loin d’être un allergique au bonheur, simplement … il aimerait juste être prévenu à l’avance cette fois-ci, lorsque le charme se rompra et que le désenchantement poindra à l’horizon. Histoire de ne plus jamais connaître les tourments et les souffrances, qui le hantèrent au cours de son enfance et son adolescence. En l’absence d’une vie sociale à laquelle il pouvait se consacrer, l’arrogant homme basané enchaîne les heures de gardes et vit quasiment à demeure, dans les catacombes de la morgue. En outre, depuis sa « bêtise » commise avec le conjoint fraîchement veuf de son meilleur ami, dont il n’arrive toujours pas accepter la disparition ; le golgoth à l’envergure d’albatros s’échine autant que faire se peut d’éviter cet amant d’un soir, avec qui il partagea une nuit de fièvre et de chaleur sans nulle autre pareille. Même si au fond de lui il sait qu’il ne pourra pas indéfiniment se soustraire, à « l’explication de texte » qu’il redoute et qui s’impose. D’ici là, se terrer comme un troglodyte dans les abysses de la morgue, fait office de labile cache misère lui permettant de repousser à minima l’échéance fatidique.

Comme la veille, l’avant-veille et le jour précédant, le forçât de travail s’était endormi à son bureau. La sonnerie sur-aiguë de son bipeur l’arrache à l’onctuosité du sommeil. Dans un grognement sourd, l’ours mal-léché se redresse, retire le feuillet faisant l’état des lieux du foie de Monsieur Hartman, qu’un filet de bave séché fit adhérer contre sa joue pileuse, et s’étire en grimaçant et maugréant. Un haut de cœur, qu’il tente tant bien que mal de contenir et réprimer, l’empoigne. D’un revers de la main, l’orphelin de père éloigne le verre de whisky à moitié vide et les mégots écrasés dans le cendrier en céramique à moitié plein. La lumière s’immisçant par le soupirail, laissé entr’ouvert pour essayer d’éradiquer un tant soit peu l’odeur désagréable du tabac froid, lui apprit qu’il ne devait pas être loin de huit heures du matin. Incommodé par la pestilence d’une fragrance nauséabonde, le docteur renifle tel un chien truffier afin de trouver la source de cette puanteur. Une main devant la bouche, il souffle sur sa paume et s’empresse de la plaquer sur son nez dans le but de mieux sentir. L’odeur vient bel et bien de là. De son haleine fétide, qui à elle seule pourrait réveiller tout les morts, reposant dans les casiers réfrigérés de la pièce d’à côté.

Aussitôt, le beau minois du palyboy médical est déformé par une moue traduisant un profond et vif dégoût, alors qu’il s’empare du petit appareil accroché à un passant de son jean pour voir ce qu’on lui veut. Aucun nom. Juste une localisation. Pavillon A. Là où se trouve l’accueil, le bureau des admissions et des sorties ainsi que les urgences engorgées vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Bien que courroucé de n’avoir pas plus d’information, le spécialiste en médecine forensique n’a pas le temps de vociférer, que la porte de son bureau s’ouvre inopinément. Le désagréable crissement des gonds le fait grincer des dents et une grimace vient habiller son faciès hâlé. Le teint cireux, les cheveux en pagaille et par endroits poisseux, les yeux cernés, explosés et injectés de sang ; l’indien redresse mollement le chef en direction du seuil de la porte. Deux orbes de topaze aux mirifiques nitescences. De subtils reflets auburn venant parer une chevelure châtain, un tantinet terne. Un arc labiale charnu et rosé. La pointe d’un nez aquilin dirigée vers lui à la façon d’un index inquisiteur. Une barbe de trois jours considérablement mieux taillée et structurée que la sienne, qui en compte au bas mot dix au compteur. Une carnation maladive de papier mâcher.

Une mâchoire prononcée du fait d’une mandibule particulièrement saillante. L’élancée et émaciée silhouette d’un échalas héctomorphe. Leo. Ou pour le dire de façon pompeuse : le Docteur Castelli. Celui avec qui il partage son bureau. Le seul des confrères exerçant dans le service avec lequel il ne soit pas brouillé, et qui arrive dieu seul sait comment à supporter son horripilant caractère de « petit con » laïusseur et pontifiant. Un sémillant rital rencontré en Faculté Médecine, et qui reste à ce jour le seul qui soit parvenu à tenir la dragée haute à cet enfant de Vishnu suintant la fatuité. L’une des rares personnes, pour ne pas dire la seule depuis que Victor s’en est allé, qu’il se risquerait à qualifier d’ami. Même si l’homme à l’esprit Rabutin et passablement psychorigide sur les bords, abhorre mélanger business, amitié et vie personnelle. Rapidement, l’indien lorgne en direction de la montre ceignant son poignet droit. Huit heures cinq. Le temps était venu de « faire la bascule », comme on dit dans le milieu hospitalier. Dans une nonchalance rivalisant avec celle d’un aï anémié, le junkie rassemble les feuilles épars disséminées sur le bureau en liasse avant de les classer dans une pochette cartonnée.

« ‘lut. Navré, mais je vais devoir te faire faux-bond pour notre cérémonial caféiné du matin. On vient de me bipper à l’accueil. Oui, oui, je sais, ma garde est terminée et tutti quanti, mais quoi qu’il puisse s’agir : plutôt la mort et le déshonneur que de laisser cet incompétent de Graham s’en charger. », déclare-t-il sur un ton monocorde et dans une rocailleuse voix sépulcrale. Une intonation caverneuse de mélécasse qui vient trahir ses excès de la nuit dernière, et confirme ce qui peut logiquement être déduit à la vue du verre au liquide ambré et du cimetière à mégots ovale. Détail qui n’échappe pas au sulfureux auteur à succès, qui s’arme d’un raclement de gorge guère des plus distingués pour s’éclaircir la voix. Les élastiques maintenant le dossier drapé du logo de l’hôpital claqués de façon sonore, le presque trentenaire à la cosse chocolatée prend appui sur le bois laqué du bureau en merisier et se relève dans une indolence faramineuse. « J’ai jeté un œil au corps que la criminelle t’a apporté hier, et qui présente tout les symptômes classiques d’un empoisonnement aux métaux lourds, comme tu me l’as demandé. Mes observations, constatations et conclusions préliminaires sont consignées dans le classeur blanc. », ajoute-t-il de sa traditionnelle voix de basse, en désignant du pouce l’étagère accolée au mur derrière son épaule. Ces quelques mots débités poussivement, celui que les férus de polars connaissent sous le nom de Rajeev Amritaj ploie la tête à la manière d’une fleur de tournesol battue par les intempéries, afin que le fringant méridional ne puisse contempler davantage sa trogne d’outre-tombe, criblée par les stigmates de la fatigue et la défonce médicamenteuse. Désireux de quitter définitivement la léthargie qui l’habite encore en partie, Inko frotte vigoureusement sa dense et chaotique barbe à l’aide de ses larges paumes. Le caractère urticant des poils drus, ne tarde pas à habiller ses phalanges d’une teinte rubis. Une journée de plus qui s’achève. Une autre à surmonter. Nouveau crédit contracté auprès de la mort. Cette famélique dame en noir encapuchonnée et munie de sa grande faux acérée. La seule qui lui donne la main et l’entraîne inéluctablement vers les tréfonds du Tartare.                                                              
                               
(c) DΛNDELION

Leone Castelli
une holà et je repars !
Leone Castelli
Messages : 137
pseudo : Into the Wild
faceclaim : Richard Madden - Aslaug
âge : 30 ans
occupation : Médecin Légiste, spécialiste en expertise traumatologique des victimes de violence. Leone travaille donc régulièrement en collaboration avec la police et témoigne souvent comme expert assermenté au tribunal. Il est également animateur d'un groupe de parole pour personnes vivant avec des maladies graves et/ou chroniques, et est bénévole dans une association de lutte contre le VIH.
statut civil : En couple avec Daniel Cosgrave
presentation : Par ici
fiche de liens : fiche de liens
disponibilités rp : Libre
intervention pnj : je n'en souhaite pas.

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Re: I really don't care - (ft. Leone Castelli)
{} Mer 1 Mai 2019 - 23:49

Les odeurs de la ville bourdonnant déjà d’activité venaient chatouiller les narines de Leone alors que ce dernier approchait de l’hôpital. Le jeune homme avait toujours apprécié cette effervescence matinale, des cris des marchands qui vendaient, vestiges des temps anciens, des pâtisseries à la criée aux échos des pas pressés sur le bitume, entremêlés aux effluves de la vie quotidienne : il y avait cette fille qui, alors que les autres partaient, rentrait chez elle, l’air embrumé des soirées trop tardives collé à son visage fatigué et plus loin, ce petit monsieur d’un certain âge qui sortait son chien très tôt pour avoir le plaisir de fumer à l’abri des regards indiscrets de madame, ce gamin qui, les écouteurs vissés sur le crâne, maugréait à propos des cours qu’il aurait à affronter dans la journée, cet ouvrier qui cherchait son chantier et bandait déjà ses muscles, et tous les autres … Tellement de visages à peine esquissés, que le légiste se plaisait à observer, s’amusant encore, comme un enfant, à imaginer l’existence se cachant derrière chaque trait. Peut-être que cette ride prononcée venait d’une grande angoissée qui avait du mal à s’adapter à son rythme de travail ? Et la cicatrice de celui-ci … un militaire héroïque ? Une petite frappe sans scrupules ? Il y avait tant de possibilités, et c’était précisément cet ensemble de possible que Leone aimait, dans cette ville et dans la vie. La mort faisait partie de son quotidien, que ce soit dans son travail ou dans son passé. Voilà pourquoi il aimait la vie passionnément, autant la sienne que celle des autres, se souvenant des mains tendues et voulant en offrir une autre en retour.

Finalement, il entra, saluant les hommes et femmes de la sécurité, les réceptionnistes avant d’échanger quelques mots amicaux avec quelques infirmiers croisés ça et là qu’il connaissait. Puis il s’enfonça dans les tréfonds du bâtiment, dépassant la morgue pour arriver dans les bureaux de ceux qui y officiaient principalement, à savoir les légistes. Il se souvenait encore de ce moment, quand le chef de service lui avait expliqué qu’il allait partager son bureau avec quelqu’un d’autre, et qu’il lui souhaitait bien du courage avec le quelqu’un en question, qu’il était navré mais ne pouvait pousser indéfiniment les murs, le tout avec une petite tape sur l’épaule en guise d’encouragement. On aurait fui à moins. Objectivement, en voyant arriver ledit personnage, Leone avait compris quel était l’objet du délit, même si une part de lui n’avait pas manqué de rire intérieurement face à la silhouette s’étant encadrée dans la porte. Et brusquement, les souvenirs de plusieurs années auparavant avaient reflué brusquement dans sa mémoire, ceux d’une liasse de préservatifs de toutes les couleurs et de flyers joyeusement explicites fourrés dans une main pas vraiment préparée à les accueillir, avec un grand sourire mi-agacé, mi-hilare, qui n’avait pas manqué de grandir face aux deux yeux écarquillés qui observaient cet attirail comme s’il s’agissait d’un croisement entre la peste et le choléra. Voilà quelle avait été, peu ou prou, sa première rencontre avec Inko Shedir.

A une collègue lui demandant comment il arrivait à le supporter, Leone avait un jour répondu que l’homme était à l’image de ses livres : sous la couverture tapageuse, il y avait une profondeur qu’il fallait se donner la peine de découvrir, comme chez tout un chacun. Elle n’avait pas insisté, se disant peut-être qu’avec sa réputation de bonne pomme à qui on filait toujours les boulots les moins agréables, l’italien était peut-être tout simplement un imbécile heureux. C’était une possibilité qu’il n’excluait pas, mais qu’importe. Il en fallait beaucoup pour énerver le placide légiste, de toute manière. Souvent, il répétait qu’il avait perdu trop de temps dans sa vie, déjà, pour en perdre davantage en rancunes idiotes. Cela ne l’empêchait pas de faire entendre sa différence, juste … calmement. Ou avec humour. Ou les deux.

Néanmoins quand il entra, un juron manqua lui échapper. Une flagrance doucereuse vint immédiatement titiller son pauvre nez, lui arrachant un léger toussotement, ainsi qu’un furieux froncement de sourcils : Leone détestait qu’on fume dans son bureau. D’abord, parce que l’odeur de tabac froid était insupportable, et ensuite plus prosaïquement parce que ses poumons sensibles avaient du mal à le supporter. A cela s’ajoutait la senteur peu engageante d’un fond de whisky, ajoutée à celle de corps … qui aurait besoin d’être un peu décrassé. Face à ce tableau olfactif relativement peu charmant, la vue d’Inko n’avait rien de surprenante. Entre les cernes, la barbe partant dans tous les sens et l’encre sur sa joue laissée par le papier sur lequel il avait dû s’endormir … Et ce n’était pas vraiment la première fois que Leone le voyait dans cet état, sans parler des absences, de certains tremblements, de la teinte de ses yeux … Le jeune homme avait l’impression objective que son ami marchait sur une corde raide. Son regard se posa sur le rapport qu’il lui désignait, hochant la tête :

« Merci beaucoup, je lirai l’ensemble dès que possible. »

Un sourire doux se peignit sur son visage, la gratitude l’envahissant momentanément.

« Je ne suis pas un café près … mais en revanche, je crois que tu es à une douche près, toi. Histoire qu’on ne te prenne pas pour le client du moment. »

Le légiste se rapprocha de son ami, et pointa du bout de son doigt sa joue :

« En plus … tu as de l’encre sur la joue. Ce qui ne va pas vraiment avec cette réputation sans tâche de Prince de la Médecine Légale ou je ne sais quel autre de tes surnoms, Inko. »

Un air plus sérieux sur son faciès, Leone conclut :

« Honnêtement, ça ne te ressemble pas … tout ça. »

D’un revers de la main, il pointa le bureau et ses cadavres. On avait beau dire, l’autre homme était un amoureux de son travail, et Leone avait du mal à associer ce corps fatigué avec l’arrogant dandy qu’il avait côtoyé alors qu’ils étaient plus jeunes, ou encore la façade si bien entretenue que l’indien aimait à offrir au monde. Et il devait admettre que tout cela commençait fortement à l’inquiéter.

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Re: I really don't care - (ft. Leone Castelli)
{} Jeu 2 Mai 2019 - 15:25

I really don’t care
@Leone Castelli & Inko Shedir


Au risque d’énoncer des platitudes, d’enfoncer des portes ouvertes et de se gargariser à grand renfort de lapalissades ; médecin légiste n’était définitivement pas une activité professionnelle d’une gaieté folle. Fusse-t-il le plus jeune diplômé en la matière dans toute l’histoire Canada. Une distinction honorifique et assujettie à moult admiration, qui ne manquait pas d’enorgueillir son détenteur. Il n’y avait qu’à voir la façon qu’avait Inko de bomber fièrement le torse, toutes les fois où il s’adonnait à la formulation de ce titre ronflant et pompeux, pour s’en rendre compte. Toujours en arborant cet éternel air flegmatique, saupoudré d’une pincée de suffisance, de Lord anglais qui en horripile plus d’un. Et qui était appelé à en exaspérer bien plus encore. La notion d’épanouissement y était pour le mois relative, et suffisait certainement à dissuader, décourager ou démotiver pléthore d’aspirants, ayant un jour caressé l’envie d’embrasser cette vocation bien singulière. En particulier pour toutes celles et ceux que la mort a épargné. Celles et ceux qui ne l’ont jamais regardé en face, les yeux dans les yeux. Ces mêmes celles et ceux qui craqueront et abdiqueront, sitôt qu’il leur faudra voir et toucher en Faculté de Médecine, la dépouille d’une âme charitable ayant généreusement fait don de son corps à la science.

Un corps devenu blême et raide, sous le règne éternel des lividités et rigidités cadavériques. D’un côté, les étudiants frappés de cataplexie, incapables de se munir du scalpel dormant sur le plateau de dissection en face d’eux, et qui quittaient précipitamment la vaste salle, où des rangs d’oignon de cadavres gisaient sur des tables d’autopsie métalliques, pour finir la tête dans la cuvette des toilettes à vomir tripes et boyaux. De l’autre, les futurs coroners de demain. Des êtres que la vie n’a pas ménagé, et qui ont déjà entr’aperçu ou été frôlés de près, par la fameuse dame en noire encapuchonnée et sa grande faux. Ecoutant religieusement les indications de leurs professeurs qu’ils suivaient à la lettre, les néophytes traçaient cette incision caractéristique en forme de « Y », partant de part et d’autre de la clavicule et courant le long du sternum. Sanguinolentes préliminaires à leur première fois. Leur premier contact avec des viscères spongieux et glacés. Le souvenir de sa première danse avec les organes humains, demeurait particulièrement vivace dans l’esprit du métis aux portes de la trentaine. Toutes ces années de défonce aux opioïdes avaient échoué à chasser de son cerveau de grosse tête, le moindre petit détail de « ce premier sang » qui y restait fermement incrusté.

Tout. Il se rappelait de tout. Jusqu’au nom de son cavalier dans cette danse macabre. Monsieur Koehler. Beaucoup trop émotif et n’ayant, aux yeux de ses professeurs, pas les épaules suffisamment solides, pour revêtir la blouse des soldats de cet escadron de la mort, l’hypersensibilité de l’auteur de best-sellers le poussa à imaginer ce qu’avait bien pu être la vie du sexagénaire, étendu de tout son long sur cette table en inox gelée. Gil Koheler était un immigrant portugais de la seconde génération. Complètement fendu d’amour, pour une jolie fillette résidant à deux rues de chez lui et avec laquelle il allait à l’école. Ensemble, ils projetaient de fonder une famille, avaient monts et merveilles de projets et rêves en tête. Malheureusement, le sort en décida autrement. Cruellement, il faucha le couple d’inséparables en plein vol. La belle fut rappelée par le créateur après une vaillante lutte contre, ce que l’on appelle pudiquement, une longue maladie. La vie de Monsieur Koehler avait elle aussi cessé ce jour-là. Il prit dès lors la décision de donner son corps à la science, lorsque son heure viendra. Une façon de remercier le bataillon de médecins, ayant œuvré d’arrache-pied pour soigner celle qu’il aimait plus que sa vie.

Puis qui se sont dès lors employés à faire tout ce qui étaient en leur pouvoir, pour rendre les derniers jours de la condamnée supportables, sitôt qu’il n’y eut plus d’espoir. L’inconsolable nourrissait également l’espoir qu’à travers la mort, il contribuerait à la formation des futurs héros de demain, qui seraient eux peut-être capable de sauver la bienaimée d’un autre. C’était ce qu’Inko se plut à penser, lorsqu’il tâta et déroula les six mètres d’intestins. Les poumons, qu’il n’avait vu que bien roses dans les manuels de médecine, étaient ici aussi blancs que la cire d’un cierge d’église. De-ci de-là, quelques souillures noirâtres et révélatrices d’une consommation de tabac, somme toute modérée. Le foie d’ordinaire bien rouge tirait sur le violacé, et l’absence de vésicule justifiait la présence de cette cicatrice sur le thorax, qui avait été matière pour le major de sa promotion, avant qu’il ne procède à l’examen interne, à profusion de scénarios et d’hypothèses plausibles, quant aux raisons et la provenance de ce stigmate. Sa paume épousa la forme de la poche stomacale, tandis que les doigts gantés de latex maculé de son autre main, glissèrent et serpentèrent le long de l’œsophage. Quand vint le tour du cœur ; de ce symbole ancestral de l’amour ; ce fut fébrilement que l’enfant unique à l’égo pantagruélique, noua ses phalanges autour de cet organe creux et musculaire.

Déphasé et égaré dans les confins de ses pensées, il se surprit à masser anxieusement cette pompe inondant l’ensemble de l’organisme en sève rubis oxygénée. L’étincelle d’un faible et insensé optimisme, brillant au fond de ses grands yeux sombres. Celui de voir repartir ce métronome interne et le sentir pulser tout contre ses larges mains déjà diablement habiles. Une étincelle qui vacilla et s’éteignit, à la seconde où leur professeur, qui détenait également la casquette de doyen de la Faculté de Médecine, leva la voix afin de rappeler aux membres de l’assistance de ne pas omettre de rigoureusement et scrupuleusement consigner par écrit leurs constatations. Chose que le toxicomane, qui à l’époque était encore plus clean que de l’eau de roche, fit après avoir remis le palpitant inerte dans son cocon de cotes. Le binationaux savait pertinemment dans quoi il s’engageait, lorsqu’il entra dans le saint des saints qu’était l’Université de Médecine de Montréal. C’était pour cela qu’il avait signé. Pour faire parler ceux qui s’en sont allés et désépaissir le mystère qui planait sur les circonstances de leur trépas. Expliciter la mort afin de lui faire la nique et lui ravir le plaisir d’avoir le dernier mot. Inko ne vivait plus que pour cela depuis qu’il avait cinq ans.

Depuis qu’il avait recueilli le dernier souffle de Appa sur le macadam de Mile-End, avant de se nicher tout contusionné, tremblant et en pleurs contre son flanc, dans cette auréole de sang qui les ceignit jusqu’à l’arrivée tardive des secours. Comprendre … . Comprendre pourquoi son héros n’avait pas survécu à ses blessures. Découvrir toute l’étendue de ses lésions internes. Connaître les raisons qui ont fait que ses organes ont fini par lâcher et lui par succomber. Cette quête de réponses vira à l’obsession pour le brun au teint hâlé de Janvier à Décembre. Savoir pour apaiser la douleur de l’inacceptable. Savoir pour museler les peines de l’insoutenable. Et ce fut en sachant parfaitement ce qui l’attendrait dehors, qu’il leva la main droite et prêta devant ses pairs le serment d’Hippocrate, lorsqu’il acheva insolent de facilité ses études et fut diplômé. Lui, le benjamin ayant entre trois et six ans de moins, que les autres étudiants de sa promotion. Un serment auquel juraient allégeance tout les praticiens de la médecine, quelle que soit leur spécialité. Y compris ces bien curieux spécimens qui ne sauvaient aucune vie et que l’on appelait légistes. Même si cette activité se révélait particulièrement éprouvante sur le plan mental, et devenait véritablement infernale lorsque les patients n’étaient que des gosses, le Docteur Shedir n’en changerait pour rien au monde.

Mieux que quiconque, il avait conscience qu’il n’y avait probablement rien de pire au monde que d’avoir à pleurer un être cher, dont la perte s’accompagnait d’un cortège de « pourquoi » au goût d’injustice et d’iniquité. En balayant les pourquoi et rognant les points d’interrogation, l’auteur à la plume sulfureuse aimait à penser, qu’il contribuait de manière infime à décharger les épaules d’un conjoint éploré, d’un parent anéanti ou d’un enfant dévasté de quelques kilos de chagrin. A la différence de ses confrères, il n’accablait et ne noyait nullement les proches d’un individu avec lequel il avait eu un tête-à-tête avec les entrailles, sous des monceaux et des strates de jargon scientifique tantôt glauque tantôt abscons. Sa fibre de littéraire le poussait à avoir recours à des images, des comparaisons, des analogies ou des métaphores du quotidien, qui avaient le mérite d’être compréhensibles pour tout le monde. Quand ses lèvres replètes se mouvaient pour ajouter qu’il ou elle n’avait pas souffert, et qu’il récoltait parfois entre deux sanglots un « merci » étouffé … Inko avait la confirmation qu’il était bel et bien à sa place. C’était pour cela qu’il incisait encore et encore les chairs, chaque jour que Dieu faisait.

Pour ce merci qui lui donnait la force de continuer. De ne pas s’effondrer, partir en vrille, péter les plombs voire se foutre en l’air, devant autant d’atrocités et d’horreurs. A l’instar de n’importe quel autre travail, il y avait des jours avec et des jours sans. Ces derniers temps, la tendance était plutôt au sans. Le barbu crevait littéralement d’embêtement, dans les catacombes de l’Hôpital de Général où s’étendait son sanctuaire qu’était la morgue. Les sujets passant entre ses mains expertes n’étaient pas tous des plus passionnants. Loin de là. Même si monsieur cent-soixante cinq de Quotient Intellectuel abhorrait que l’on puisse faire preuve de cynisme envers les défunts, il était néanmoins forcé de reconnaître que certains des cas qu’il traitait, se révélaient être d’un ennui mortel. Comme feu Monsieur Hartman, pour ne citer que lui. Le locataire du casier réfrigéré numéro six, dont il venait de boucler le rapport d’autopsie. Un brave expert comptable dans la quarantaine, qui aurait vécu jusqu’à quatre-vingt dix ans et nous aurait tous enterré, au vu de ses artères de marathonien. Malheureusement, un impressionnant caillot ne fut pas de cet avis et vint se nicher dans son aorte, entraînant une insuffisance cardiaque et la mort.

Une triste fin qui aurait pu être évitée avec un peu d’Héparine et de Warfaride, pour dissoudre et fluidifier l’amas de sang. Avec tout le respect que l’amateur des assonances et des allitérations pouvait avoir pour cet infortuné et ses proches, il ne garderait certainement pas un souvenir impérissable de lui, et encore moins de son autopsie. L’incorrigible dragueur ne boudait cependant pas son bon plaisir, lorsque la police sollicitait son aide. Les homicides avaient en effet le chic pour pousser le baromètre de l’exaltation et de l’enthousiasme du beau brun à son paroxysme. Définir la cause du décès n’était dès lors plus son unique mission. D’autres axes de travail venaient s’ajouter à cette tâche. Avec beaucoup d’assiduité et de rigueur, il s’évertuait également à trouver le mode opératoire employé par l’assassin. A dégager des hypothèses et reconstituer le plus fidèlement possible, ce qui s’était tramé juste avant le méfait. Ou bien encore, établir un profil morphologique partiel du meurtrier. Des besognes qui, en plus d’être plus palpitantes que découvrir qu’un individu souffrait de telle ou telle anomalie congénitale ayant précipité son départ vers l’au-delà, s’avéraient également être une mine d’inspiration pharaonique pour la rédaction de ses romans, qu’il ne fallait mieux pas mettre devant de chastes yeux.

Aller savoir si c’était là une spécificité et une coquetterie propre à la profession ou s’il en était de même pour tout les autres corps de métiers canadiens, mais la médecine légale québecoise se révélait être minutieusement codifiée et cloisonnée. Presque autant qu’une multinationale nippone, s’arc-boutant et ne jurant que par la hiérarchie. De fait, le Médecin Légiste en Chef de Montréal et de sa proche région emploie une méthodologie de travail bien singulière, proche d’un plan de classement si cher aux archivistes et bibliothécaires. « Un trou du cul doublé d’un sinistre bon rien. » et dont Inko convoite avidement le poste, qu’il espère embrasser avant son trente-cinquième anniversaire. Sept. C’est le nombre de coroners placés sous ses ordres. Cinq d’entre-eux exercent en milieu hospitalier, tandis que les deux autres sont directement rattachés aux services de police du comté. Loin d’être dispatchés au hasard, les défunts échoient à tel ou tel médecin en fonction de la spécialité de chacun. Ainsi, lorsqu’une dépouille dite « ancienne », des ossements ou une victime présentant des signes caractéristiques d’empoisonnement est retrouvée : c’est à l’indien qu’il incombe de procéder à l’examen des restes. Compte tenu la raréfaction de ce type de décès, la vaste majorité du travail de l’éphèbe aux orbes fuligineux consiste à faire tourner le service médico-légal de l’hôpital, en expliquant la mort subite et soudaine de patients que l’on pensait stables et tirés d’affaire.

Ici, et conformément à ce que leur supérieur exige d’eux, le très procédurier et respectueux Leone a donc requit l’avis de l’expert en toxines, avant de s’atteler à l’autopsie d’une jeune étudiante en art retrouvée morte dans une ruelle à l’arrière d’un bar dans le centre-ville. Car outre les traces évidentes de lutte et d’agression sexuelle, plusieurs éléments laissent à penser qu’un empoisonnement est à l’origine du trépas de cette malheureuse. Lèvres cyanosées, marbrures dans le bas du dos et écumes aux commissures de la bouche, pour ne citer qu’eux. Les lippes replètes du romancier disparaissent en un fin filet, alors qu’il accueille les remerciements de son conscrit par un sobre acquiescement de la tête. Une silencieuse rétorque qui fait sautiller quelques mèches ébènes sur son front cuivré. Paresseusement, la dextre du « petit homme » à sa maman ouvre le premier tiroir de son bureau, puis y exhume le rapport d’autopsie de Monsieur Hartman. Rapport que le coroner en chef, avec lequel il partait régulièrement au clash et qui lui remonta les bretelles plus de fois qu’il ne saurait le dire, viendrait très certainement chercher demain. « Lorsque tu auras passé soixante-douze heures de garde sans voir la couleur d’un pommeau de douche ; crois-moi tu auras toi aussi à deux poids deux mesures près la même tête de déterré « Casanova ». », réplique-t-il sur un ton qu’il espère un minimum badin, tout en refermant dans un geste très théâtral le tiroir.

Le nez relevé en direction de son confrère aux origines transalpines, le gouailleur né le gratifie d’un de ses fac-simulés de sourire dont lui seul a le secret. Un de ceux qu’il agrémente en temps normal d’un « Ca va », et qu’il arbore tel un écran de fumée visant à dissimuler la fresque de tourments qui l’assaillent. Un laconique « Oh », franchit le seuil de sa cavité buccale suite à la remarque du sempiternel optimiste, pointant l’un des nombreux détails de la myriade d’impairs composant son apparence laissant grandement à désirer pour un médecin. Promptement, le camé s’affaire à débarbouiller tant bien que mal sa joue gauche en frottant énergiquement sa barbe aux allures d’entrelacs de ronces. « « Mozart de la Médecine ». C’était il y a bien longtemps tout cela. Aujourd’hui … j’entonne mon requiem. », rectifie et ironise-t-il en ponctuant son propos par cette métaphore filée et un succinct éclat de rire. Bien qu’il se targue auprès de qui veut bien l’entendre d’être « le meilleur dans ce qu’il fait », Inko sait pertinemment qu’il n’a plus rien à voir avec ce petit prodige qu’il fut naguère. Il y a bien longtemps que le virtuose à l’esprit novateur et en avance sur son temps gît dans le cimetière à passion. Ses travaux de recherche sur les nouvelles techniques de sérologie stagnent et sont au point mort depuis des années maintenant.

Des lunes se sont succédé depuis sa dernière parution dans une revue médicale. Pas de percée décisive pour la profession effectuée. Aucune nouvelle contribution majeure apportée dans le monde de l’expertise médico-légale. Ni de méthode révolutionnaire susceptible de lui valoir une nomination pour un prix quelconque. Cela lui fait du mal de l’admettre, mais en son for intérieur l’esthète a parfaitement conscience de n’être plus qu’un coroner parmi tant d’autre. Ce temps où il trustait insolent de brio et maestria les cimes de sa spécialité est à présent révolu et s’écrit au passé aujourd’hui. D’autres jeunes premiers ont pris sa place sur le devant de la scène et l’ont petit à petit relégué au second plan. Docteur Shedir n’est plus un nom synonyme de référence ou ayant sa place à la table des sommités de la médecine. Il s’agit simplement du nom d’un médecin, point final. Un bon médecin n’ayant plus rien lui permettant de sortir du lot ou de se placer au-dessus de la mêlée. Les prunelles du cygne amorçant son chant annonciateur d’agonie, s’écrasent sur « tout ça ». Sur les preuves tangibles attestant de son lent et inexorable déclin. Cendres et éthanol distillé ayant sonné depuis trop longtemps déjà, la décrépitude et la déliquescence d’un être jadis brillant.

Une âme embastionnée dans le déni et torpillant son potentiel, pour échapper aux vicissitudes qu’elle est incapable de surmonter. La pomme d’Adam dansant sous une âpre déglutition, le polytoxicomane hausse les épaules sitôt que le tintinnabulement de son bippeur se rappelle à lui et l’arrache à ses pérégrinations intérieures. « Il faut croire que je ne suis pas aussi confiant et fat que je veux bien le montrer. Désolé … . De ne pas être doté d’une once de ta prodigieuse force de caractère et de faillir aussi facilement. J-je … . Je m’excuse pour « tout ça ». Je te promets que cela ne se reproduira plus. Du moins plus ici. », conclut-il piteusement en revêtant sa blouse trônant sur le dossier de son siège. Les promesses n’engagent que ceux qui les croient, dit-on. Quand on sait le poids et le crédit que l’on peut accorder à la parole d’un toxico … . Confus et honteux de s’être une fois de plus donné négativement en spectacle, le binationaux incline le chef tel un gamin essuyant quelques remontrances, et prend grand soin d’éviter le regard d’émeraude du sémillant rital. En toute hâte, l’homme aux trapèzes proéminents vide les filtres orangés et le tapis de cendres croupissant dans le cendrier au fond de la corbeille à droite de son bureau. Dans un geste empressé et empreint de nervosité, il parvient bon an mal an à nouer et refermer le sac poubelle. Vaine tentative pour éradiquer les reliques de ses innombrables aveux de faiblesse, sous couvert d’étouffer à minima l’incommodante fragrance de tabac. Un arôme qu’exècre Leone. Hors de question qu’il ait à souffrir d’une pareille abomination dans un espace qui est également le sien. Déteindre, contaminer, entraîner directement ou non dans la chute de son affable collègue au teint d’albâtre et aux iris bleu lagon … voilà bien la dernière chose au monde que souhaite cet écorché vif au comportement autodestructeur.                              
                                                             
                             
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Leone Castelli
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Leone Castelli
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occupation : Médecin Légiste, spécialiste en expertise traumatologique des victimes de violence. Leone travaille donc régulièrement en collaboration avec la police et témoigne souvent comme expert assermenté au tribunal. Il est également animateur d'un groupe de parole pour personnes vivant avec des maladies graves et/ou chroniques, et est bénévole dans une association de lutte contre le VIH.
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{} Dim 12 Mai 2019 - 18:59

Les yeux levés légèrement au ciel, Leone retint un soupir amusé en écoutant l’autre immigré l’appeler Casanova et parlant de ses gardes. D’abord parce que quiconque avait l’idée saugrenue de le comparer à l’illustre séducteur vénitien ne pouvait obtenir qu’une telle réponse de sa personne, vu que ses conquêtes amoureuses se comptaient sur une main, et que les intimes se résumaient à Daniel. On avait vu mieux, comme galant invétéré ! De même que le jeune homme n’avait ni la verve caressante ni l’aisance sensuelle du plus connu des Dom Juan qui aient parcouru cette terre, et encore moins son esprit d’aventurier ou d’escroc. Y avait-il une figure plus éloignée de lui que ce personnage ? Difficilement. A tout prendre, il eut préféré Mazzini qui, s’il n’était pas un grand amateur de jolies personnes, avait dans ses veines le même souffle idéaliste et révolté que le placide légiste, en plus exalté, évidemment. Et pourtant, sous le calme apparent se cachait aussi une âme brûlante qui voulait se battre pour ses droits et ceux des autres, qui se rêvait parfois en chantre d’un changement pour tous, pour le meilleur, parce qu’il avait des idéaux chevillés au corps, Leone, parce qu’il ne faisait pas tout uniquement par bonté d’âme, mais aussi parce qu’il vivait pour cela, pour aboutir à de meilleures politiques, à une meilleure inclusion. Et s’il n’avait pas un tempérament de révolutionnaire, il savait quand se battre. Il avait simplement l’habitude de choisir ses combats.

Peut-être qu’ordinairement, donc, il se serait contenté d’en rester là. Mais cette mine défaite, ce manque de piquant dans la réplique de son collègue prodige face à cet ancien surnom grandiloquent, presque cynique, l’en empêcha. Il y avait dans ce jeu de mot une noirceur inédite, chez l’arrogant auteur. Il avait le verbe acéré, mais peu envers lui-même, et rarement avec une telle … profondeur ? Acuité ? Avec ce sérieux presque ? Leone en restait coi. Qu’y avait-il de plus sacré aux yeux de son confrère que son travail, que sa réputation ? Déjà, durant leurs études, il enquillait les récompenses et semblait préférer la lumière estudiantine à la compagnie de ses pairs. Et depuis qu’ils travaillaient ensemble, l’italien de naissance l’avait toujours connu plongé dans son travail, dans son œuvre presque, guère soucieux de tisser des liens avec les autres, tout entier à sa tâche. En un sens, cette passion que d’autres trouveraient légèrement morbide le rendait attachant, comme s’il était de ces canetons qui savent si bien nager, et qui rester à l’écart de leurs frères et sœurs, si maladroits une fois à terre, qu’on a envie de prendre sous son aile et d’aimer, parce qu’ils sont différents, parce qu’ils sont imparfaits dans leur perfection, et parce que leur humanité clinquante a quelque chose d’infiniment touchant. Ce rire sentait le cimetière. De quoi, Leone ne savait pas, mais il lui trouvait une tonalité morbide. Ce qui, pour un légiste, signifiait vraiment beaucoup.

Et la suite ne fait que confirmer cette impression, ajoutant un peu plus à la lourdeur de l’atmosphère dans ce petit bureau, que chacun essaye de diminuer par quelques plaisanteries vaseuses, comme si les volutes de fumée de la cigarette morte continuaient d’enfumer l’endroit de leurs tentacules noires, suintant par tous les pores de leur peau le malaise s’installant. Inko n’admet guère ses faiblesses. Qu’il le fasse ainsi est inquiétant. Il a l’air … fragile. Leone se sentait soudain pris au dépourvu par cette brutale admission, alors que le masque ne se craquelait pas seulement, non, était arraché brutalement, et que tous les voyants de son cerveau s’allumaient au rouge, achevant de lui faire perdre son sourire, et annihilant la bouffée de colère qui avait momentanément fait surface dans son cœur alors qu’il entendait ce qu’il prenait pour une moquerie, sur sa … force de caractère. Il avait toujours eu horreur de ça, d’être mis en position de donneur de morale. Il n’était pas fort. La vie s’était chargée de l’endurcir, et de lui permettre de faire la différence entre les grandes peines et les petits aléas. Et il n’avait pas le loisir de se perdre dans les paradis artificiels, quels qu’ils soient. L’alcool lui était interdit, le tabac également. Le sexe avait longtemps été une échappatoire impossible à envisager, car il ne pouvait s’imaginer troquer le plaisir éphémère de quelques instants contre la possibilité d’une condamnation à mort. Et la drogue … il ne pouvait pas, et de surcroît, rien que d’y penser, son sang bouillonnait. Le cadavre de sa mère l’en empêchait. Donc, il n’avait pour fuir que sa conscience, la rage et les larmes. Ou bien les bras doux de son compagnon, et le silence réconfortant de leur logis. Mais personne ne savait par quoi il était passé, quand la gamine était morte. Quand il avait manqué écraser son cœur immobile de rage, parce qu’il ne revenait pas, parce qu’il refusait de battre à nouveau. Personne ne savait qu’il avait détruit une partie d’une salle de repos, ce soir-là, de haine, d’impuissance. Et les journées à regarder le plafond, à ne rien faire, et surtout à ne rien voir … Seul Daniel les connaissait. Ce vide sidéral, ce n’était pas de la force. C’était de la lâcheté.

« Inko … Nous savons tous deux que le type qui a changé de spécialité parce qu’il ne pouvait faire face, il n’est pas en face de moi. Il est en face de toi. »

Cependant, le jeune homme se recula, bloquant l’accès à la porte et tenta de poser sa main sur le bras de son collègue, de son ami.

« Je sais ce que c’est d’être … submergé. De ne pas être bien. Et … je crois qu’il y a quelque chose qui ne va vraiment pas pour toi, là. Je veux dire … où est le gars qui m’enverrait bouler en me disant qu’il est impossible de ne pas savoir qui est le médecin le plus doué de Montréal ? »

Hésitant, Leone acheva :

« Dis-moi ce qui ne va pas. Je peux t’aider, peut-être. »

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