#366 Curious exploration | Zelda

Ok. Cette fois c’est la bonne. J’ai trouvé l’adresse de la miss Brown, et je vais lui faire sa fête. Enfin… disons que ça va être la mienne si j’arrive à avoir des clichés d’elle un tant soit peu intéressant. Je grimpe dans un arbre sans trop de difficulté, et en me hissant sur une branche, j’arrive à pénétrer dans la résidence sans me faire voir par les caméras. Par-fait. Je dégaine finalement mon appareil photo, et commence à guetter. Elle est allongée sur une chaise longue sur sa terrasse, le ventre à l’air pour prendre le soleil. Encore plus parfait. Je prends quelques clichés, mais sursaute en voyant son chien foncer dans la chaise sur laquelle elle était assise. Putain. Je perds l’équilibre, tente de me raccrocher aux branches mais la chute est inévitable, et bordel elle m’a fait mal au cul celle là. Je crois pas que je me sois pété le coccyx, je hurlerai sans doute de douleur à l’heure qu’il est, par contre j’me suis bien éraflé l’avant bras, je pisse le sang. Mon ensemble camouflage vient de prendre un sacré coup, et il est même un peu déchiré. Shit. Je vois deux personnes s’avancer vers moi, et le chien de l’actrice. J’ai pas peur des chiens, mais je suis au sol, et il a l’air d’être un vrai bulldozer. Je me fous en boule, la tête entre les genoux. « J’veux pas mourir maintenant ! » Et de dégage finalement une mèche de mes cheveux, voyant le chien retenue par sa maîtresse. Je tente un sourire un peu con. « Un coup de main peut-être ? » Je la regarde, gosh, elle est canon de près. « Il va pas me manger ? Non parce que je saigne. Et il a une tête à manger les enfants. Je suis pas une enfant hein, c’est pas comme les requins ces machins là ? On sait jamais… » Tu parles trop Zee, du calme. « Ouais, j’me suis un peu niqué le bras. J’peux trouver une pharmacie dans le coin ? » C’est ça, joue les innocentes, fais comme si tu ne savais pas que tu étais dans une propriété privée.

Oh merde. Je crois que j’aurai pu m’abstenir de dire du mal de son chien, elle a l’air de mal de prendre. J’ai perdu une occasion de me taire ! « T’es clairement pas en position de critiquer Goliath et tu vas gentiment me suivre chez moi. » Ok là elle fait flipper quand même. Je la regarde avec de grands yeux un peu apeurés. Enfin non, j’ai pas peur d’elle, mais je m’attendais pas à ce qu’elle me parle comme ça, et encore moins qu’elle me ramène chez elle. Ce deuxième point est plutôt intéressant il faut dire. « Allez le petit singe, on va aller t’amputer le bras et supprimer les photos que tu as sûrement prise. » Je me lève pour la suivre, et l’air de rien je fais un échange de cartes de sauvegarde, mettant celle dont je viens me servir dans la petite poche de mon short en jean, et activant celle sur laquelle il n’y a que du travail personnel, à savoir quelques portraits artistiques, et même quelques nus - tout aussi artistiques d’ailleurs. Je fais un signe de main aux voisins qui nous regardent, tente un sourire un peu forcé, jusqu’à ne plus les voir lorsque je disparais dans l’appartement de l’actrice et chanteuse. Un tour d’horizon de mon regard et je m’accroupis finalement pour faire face au molosse, qui m’a l’air plutôt sympathique. J’imagine qu’elle le laissera pas me bouffer, elle pourrait finir en prison pour moins que ça. « Toutes mes excuses de vous avoir pris pour ce que vous n’étiez pas cher monsieur. » Je me penche un peu pour vérifier que c’est bien un mâle. « Oui. Monsieur. J’aurai eu l’air con à t’appeler madame. » Je ricane pour moi toute seule et tends la main vers le chien. « Enchantée de vous connaître, je m’appelle Zelda. » Le chien me donne sa patte et je ris encore comme une enfant. « Il est gentil ! » Il me saute désormais dessus pour me faire des léchouilles et me fait tomber en arrière, alors que je ris comme une enfant. « Je vais m’étouffer avec sa langue ! Fais quelque chose ! » Je m’adresse à la propriétaire, qu’elle l’enlève de là avant que je ne puisse plus respirer. Cela dit, c’est pas les meilleures galoches de ma vie, je peux l’assurer. Je me relève finalement et regarde l’état du sol, et de mon bras. « Merde, j’ai foutu du sang partout, j’suis désolée. » Un petit boulet, voilà ce que je suis.

Il est gentil finalement ce molosse, ils ont une mauvaise réputation, mais avec un gentil maître, ils restent des chiens comme les autres, un peu bourins sur les bords, mais ils veulent juste donner de l’amour. Et moi je le reçois en pleine face, littéralement. Je ris comme une enfant et demande quand même à Ohana de m’en débarrasser, ce qu’elle finit par faire. « Voilà t’es sauvée Princesse. » Ouf. « Merci. » Je me redresse et me rends compte que je viens de flinguer son tapis, il est bon pour le pressing. Décidément, j’enchaîne les boulettes. « T’enchaînes les bourdes. Bon assieds-toi avant de choper le tétanos. » Elle a sorti la trousse à pharmacie. Elle est gentille, elle aurait juste pu m’envoyer me faire voir. Elle se doute bien de ce que je suis, mon appareil photo avec mon super zoom sur l’épaule, ça laisse pas trop place au doute. Ça va piquer qu’elle dit, et avant même qu’elle ait appliqué la compresse je sursaute et lâche un petit cri, avant de rire. Elle profite de ce moment là pour appliquer la compresse et là je crie vraiment, plaquant ma main sur ma bouche. « Aoutch ! » C’est moche un peu, je sais pas trop comment je me suis débrouillée, une branche qui dépassait sans doute. Ça peut être que ça. « Alors Zelda, comment tu m’as trouvé ? » demande-t-elle en plongeant son regard dans le mien, ce qui a le don de fortement me déstabiliser. « Trouvée ? Pourquoi j’étais censée te chercher ? » Je fronce les sourcils, jouant la comédie. Moi aussi il paraît que je me débrouille bien dans le domaine, même si c’est pas mon métier. « On se connaît ? » Retourner la situation, voilà ce qu’il y a de mieux à faire. « J’ai grimpé à cet arbre pour prendre de la hauteur et arriver à prendre cette foutue petite maison en face, qui ressemble à la petite maison dans la prairie ! T’avais déjà remarqué qu’elle était là ? Planquée derrière un troupeau d’autres maisons ? » Vas y, embobine là. Elle est pas idiote. Mais je tente quand même, et puis ça m’amuse…

« Tu me prendrais pas pour une conne par hasard ? » Je lui sors mon regard outré, mes yeux sortant presque de mes orbites. Quoi ? Moi ? L’innocence même ? La prenant pour une conne ? Non certainement pas, ce n’est absolument pas dans mes habitudes de me payer la tête de quelqu’un. En fait, j’essaie juste de sauver mon cul, et l’ai comme l’impression que je pédale dans la choucroute. Mais je vois quand même qu’elle me traite bien, mon bras je veux dire, elle s’applique, fait ça avec soin, elle aurait pu juste me foutre dehors et pas s’occuper de moi. Je lui demande si on se connaît, l’air de rien. « Clairement pas, un visage comme le tien, je me souviendrai de l’avoir croisé. » Je ne peux retenir un sourire en l’entendant dire ça, parce que c’est flatteur, même si elle garde son air impassible. Je tente une dernière pirouette, je crois que je suis devenue adepte. Mais c’est toujours pas suffisant pour qu’elle me croit, visiblement. « Blablabla blondie, crache le morceau avant que j’appelle les flics pour atteinte à la propriété. Tu t’es cassée la gueule sur notre vieux cerisier j’te signale. » Je fronce cette fois les sourcils. « Et alors quoi ? C’est interdit de grimper aux arbres dans ce pays ? J’ai rien fait de mal ! » Je lui tends mon appareil, preuve de ma bonne foi - mon cul. « Tiens regarde si tu veux, y’a aucune photo de toi, et je vois pas comment j’aurai pu en prendre et les effacer une à une entre le moment où je suis tombée et maintenant, surtout que ton chien me surveillait de près. » Je me tourne alors vers le chien qui a dressé ses oreilles en entendant que je parle de lui. « Hein ? » Comme s’il allait appuyer… « J’ai juste pas de chance. J’veux faire une photo canon, j’me casse la gueule, et faut que ce soit juste là où t’habites. C’est pas de ma faute ! » Je hausse les épaules et regarde le pansement qu’elle vient de finir. « Merci, du coup. » Cette fois je lui adresse un sourire adorable, de ceux dont j’ai le secret. Avec ça, elle ne pourra pas résister.